bruno V.

La poudre d'escampette

 

J’ai senti ce matin en me levant
L’imperceptible odeur de printemps
Ses escarbilles flottaient dans le vent
Je me souviens des courses folles, enfant

 

J’ai refermé la fenêtre doucement
Un rouge gorge me fixait insistant
Viens rejoins-moi dans le vide un instant
Tu oublieras pour toujours tes tourments

 

Je devrais prendre la poudre d’escampette
Profiter des quelques jours qu’il me reste
Fuir à jamais cette chambre indigeste
Au lieu de périr drogué sans geste.

 

Ne devrions-nous pas le jour venu
Quitter cette cellule sans retenue
Partir et rejoindre cet endroit choisi
Avant que nos cendres n'y soient reparties

 

Quand le printemps t’invite pour ce voyage
Il faut cesser de croire aux mirages
Ne plus être sage fuir avant l’orage
Mourir sereinement puis tourner la page

 

Pourtant

 

Face à cette incandescente certitude
Commune dont nous avons l’habitude
Nous refusons d’admettre sa plénitude
Qui nous délivre de nos servitudes

 

 

Bruno V.

(3 février 2022)